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Bilan des nouveaux programmes en grandes cultures

12 avril 2024
Au travers d’un cours de formation continue organisé mi-janvier à Grangeneuve, 20 agriculteurs ont pu prendre du recul, discuter et essayer de comprendre différentes problématiques rencontrées au sein de leur exploitation depuis leur inscription aux contributions aux systèmes de production en «grandes cultures» proposés depuis 2023.

Lors de cet échange, quelques données chiffrées ont été communiquées sur l’évolution des paiements directs dans le canton de Fribourg. Malgré l’évolution et la redistribution de certains paiements directs, les restations (production par ha multipliée par le prix de vente sur le marché) forment encore la part principale du revenu d’une exploitation agricole.

En effet, les recettes générées par la vente des produits représentent 77 % du revenu total. Fort de ce constat, chaque exploitant.e peut décider à quels programmes il est judicieux de participer, aussi bien du point de vue agronomique qu’économique. Une agricultrice fribourgeoise a présenté la stratégie qu’elle a appliquée sur son exploitation de grandes cultures, ainsi que les calculs et les défis concrets qui en découlent. 

© Nadège Wider


Les participants ont apprécié cette étude de cas pratique, car elle a permis un échange mutuel de leurs propres expériences. Le programme «Couverture appropriée du sol» a donné lieu à de nombreuses discussions, notamment sur les aspects financiers. Actuellement, il s’agit du programme le plus souvent choisi.

L’accent a été mis sur les couvertures de sol de courte durée, comme c’est par exemple le cas entre colza et blé. Les coûts du mélange de semences ainsi que de sa mise en place peuvent varier fortement (tableau 1). Deux procédés ont été comparés dans le cadre du cours : un procédé classique (1x chisel, semis combiné avec 15 kg / ha d’UFA Express et destruction par broyage) et le procédé provenant de l’étude de cas (2 passages de chisel, 3 kg / ha de nyger et destruction par un chisel).

Le gain net du programme avec les deux procédés décrits est indiqué dans le tableau ci-dessous. Le résultat final dépend fortement de la surface supplémentaire de couvert qui doit être mise en place suite à la participation au programme.

Tableau 1: Comparaison de différents procédés de mise en place d’un couvert court entre un colza et un blé d’automne.
Source : Grangeneuve

La mise en oeuvre du programme «Couverture appropriée du sol» peut être difficile à appliquer dans les exploitations ayant des sols lourds et des cultures de printemps à forte valeur ajoutée comme les pommes de terre. Sur les parcelles qui ont été récoltées avant le 30 septembre, aucun travail du sol ne peut être effectué avant le 15 février. Cela peut avoir des conséquences financières au moment de la récolte.

L ’ obligation d’implanter un couvert dans les 7 semaines suivant le colza a également suscité des discussions. Ceci notamment en raison des risques ainsi générés, liés à la lutte plus difficile contre les repousses de colza (p.ex. maladies de rotation ou pression accrue des ravageurs). Afin d’atténuer cette contrainte, la surface soumise au programme n’est plus que de 80 % et ceci depuis le 1er janvier 2024. La prime a été réduite de 250 à 200 CHF par ha.

Dans le programme « Non-recours aux herbicides », la participation par parcelle n’est plus possible depuis 2023. Toute la surface doit être déclarée avec le même code de culture. Cela rend la mise en oeuvre beaucoup plus complexe. Avant une culture sensible, comme le tabac, le désherbage des céréales se fait de préférence chimiquement, afin de pouvoir démarrer avec un stock grainier limité. Si cette surface est cultivée comme céréale fourragère, la partie restante de la surface peut être inscrite comme céréale panifiable dans le programme « Non-recours aux herbicides ». Avec les céréales, la sortie du programme en cours de saison est rarement rentable, surtout si la prime IP-Suisse (CHF 10.- par dt) pour les céréales sans herbicides est en plus en jeu. Mais les discussions ont également mis en avant l’importance de juger la gestion du salissement à long terme de ses parcelles.

Le programme « technique culturale préservant le sol » montre, comme les programmes précédents déjà discutés, que les exploitations ayant des cultures exigeantes doivent, si elles participent à ce programme, repenser et adapter l’ensemble de leur rotation. Ce programme exige que 60 % des terres ouvertes soient en non-labour.

Enfin, les conflits potentiels liés aux contradictions entre les programmes, ainsi que les défis agronomiques qui en découlent, ont été discutés. Il a été souligné que chaque agriculteur/trice devait choisir le meilleur compromis pour son exploitation. Celui-ci dépend du site, de la structure de l’exploitation mais aussi des valeurs personnelles du chef d’exploitation.

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., collaborateurs scientifiques